26 octobre 2022

Actualités

Une rentrée vraiment sereine ? Pas du tout, Monsieur le Ministre !

La première période est à peine terminée et les enseignant.es sont déjà épuisé.es. La rentrée et les semaines qui ont suivies ont été compliquées dans bien des collèges parisiens. Cet essoufflement très précoce s’est traduit par une forte mobilisation des collèges lors de la grève inter-professionnelle du 29 septembre.

Des postes non pourvus
De nombreux postes n’étaient pas pourvus en cette rentrée : beaucoup en technologie, mais en réalité dans quasiment toutes les disciplines.
Avec également des pôles médico-sociaux en tension : manque d’infirmières, d’assistantes sociales.
On annonce d’ors et déjà au collège Dolto que la collègue assistante sociale en congé maternité ne sera pas remplacée.

Des effectifs sous tension
Malgré la baisse démographique que subit l’académie de Paris, les classes sont encore surchargées dans de nombreux collèges, jusqu’à 33 élèves en regroupement de langue, 32 élèves en espagnol au collège Anne Frank par exemple.

Classement REP
Deux établissements parisiens n’ont pas accueilli leurs élèves le jour de la rentrée.
Le collège F. Seligmann était en grève pendant toute la première semaine pour demander que l’institution tienne la promesse faite lors de la création du collège, celle du classement de l’établissement en éducation prioritaire.
Le collège Gambetta était lui aussi en grève le jour de la rentrée des élèves pour protester contre les nombreux postes non pourvus et les difficultés grandissantes pour prendre en charge un public d’élèves qui change sans que les moyens suivent. Les collègues demandent également que leur établissement soit classé en éducation prioritaire.

De nombreux problèmes d’emploi du temps
Dans nombre d’établissements, les directions n’ont pas été en capacité le jour de la pré-rentrée de proposer des emplois du temps aux équipes qui tiennent compte de leurs vœux et de la répartition des services élaborée en conseil d’enseignement, qui soient cohérents sur le plan pédagogique ou qui respectent les DHG votées. Les collègues du collège Giacometti sont même repartis le jour de la pré-rentrée sans emploi du temps du tout !
S’ajoute à cela une profusion de dispositifs à mettre en place dans les classes, sans rémunération ou temps dégagé de concertation pour les collègues, ce qui accentue leur charge de travail déjà importante. Et des missions de professeur principal pas toujours choisies mais qu’on finit par accepter pour le bien des élèves.

Des conditions difficiles d’inclusion des élèves à besoins éducatifs particuliers
De nombreux postes d’AESH ne sont pas pourvus en cette rentrée ce qui pénalise les élèves ainsi que les enseignants qui doivent pallier ces difficultés au mieux, sans aide et parfois au détriment de leur enseignement.
Même si les élèves ULIS sont comptabilisés dans les effectifs pour leur inclusion, les AESH sont parfois deux ou trois dans la salle et la place peut venir à manquer.
Par ailleurs, la gestion de la répartition des collègues AESH par le PIAL est problématique, et les notifications d’attribution qui tardent à arriver aggravent une situation très tendue.

Poursuite et accentuation de l’ancrage d’une culture de l’évaluation

Évaluation des établissements
Les auto-évaluations et évaluations externes se poursuivent dans les établissements pour la troisième année consécutive.
Les retours des établissements dénoncent des réunions particulièrement chronophages. Les recommandations, loin de mettre à jour les spécificités des établissements tant vantées, donnent des injonctions visant à standardiser les pratiques et à accentuer le pilotage des établissements, notamment par le dispositif « devoirs faits », dispositif miracle, censé remédier à tout.

Évaluation des élèves
Le ministère souhaite élargir les évaluations de rentrée aux classes de quatrième. Ainsi, un échantillon de quelques classes de 4es ont été sélectionnées de manière arbitraire dans certains établissements, comme au collège Lacore, afin de faire passer une évaluation nationale expérimentale aux élèves. Les collègues ont bien peu d’information préalable, on leur impose de faire passer ces tests.
Cette expérimentation doit être élargie à l’ensemble des classes de 4es l’année prochaine, poursuivant ainsi la politique d’ancrage d’une culture de l’évaluation des performances, accentuée par l’ancien ministre.

Des licences de manuels numériques non renouvelées
De nombreux collègues, notamment en langues, se retrouvent en cette rentrée sans accès aux manuels numériques. Alors qu’ils ont été vivement enjoints d’utiliser le numérique pour remplacer les manuels papiers, les enseignants constatent que les licences d’accès aux manuels choisis au moment de la mise en place de la réforme du collège ou peu après n’ont pas été renouvelées. Est-ce par manque de financement ou par négligence des directions ? Dans tous les cas, comment faire cours sans avoir accès aux documents audio et vidéo en cours de langue et quid de l’économie de papier ?

Un accès à la formation continue compliqué
Cette année, l’offre de formation continue est complètement transformée et n’est plus gérée par GAIA. Les nouvelles modalités de formation sont largement complexifiées avec le lancement de l’EAFC (École Académique de Formation Continue). En effet, pour s’inscrire, les collègues doivent compléter un formulaire après avoir consulté l’offre qui se découpe en « parcours » et qui rend peu lisible l’offre de formation. Une fois le formulaire complété, aucune confirmation d’inscription n’est envoyée. Cette transformation risque de décourager de nombreux collègues et de les empêcher d’accéder à la formation continue à laquelle ils ont pourtant droit.
Ce que les collègues attendent surtout, c’est une offre riche de formations diversifiées.