22 octobre 2021

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Évaluations nationales à l’entrée en 6e : encore un outil de pilotage ?

Si l’on en croit l’information du ministère à destination des familles, les évaluations en début de sixième en mathématiques et en français permettent d’aider les élèves à mieux apprendre. Jusqu’ici, tout va bien. Mais aider comment ? En mettant en place un plan ambitieux de remédiation des difficultés des élèves, en baissant les effectifs par classe, en rétablissant des heures pour prendre les élèves en petit groupe ? Que nenni.
Si ces évaluations permettent de poser un diagnostic sur les apprentissages de nos élèves de sixième à chaque rentrée depuis 2017, elles sont aussi l’occasion de renvoyer les difficultés des élèves à la responsabilité des équipes pédagogiques.

Dans l’académie de Paris, le recteur, de manière unilatérale, a décidé de « piloter l’exploitation pédagogique des évaluations » en imposant une formation dans tous les collèges avant les vacances d’automne. Selon les établissements, la formation concerne tous les enseignants ou bien celles et ceux en charge de classes de sixième. Parfois, les chefs d’établissement mettent les formes pour convoquer les équipes, il s’agit « d’accompagner au mieux les élèves » mais ailleurs, il est demandé « d’adapter les pratiques pédagogiques pour répondre aux besoins de chaque élève ». Ça a le mérite d’être clair. Dans tous les cas, les enseignants se voient imposer pendant toute une après-midi une réunion dont ils ne veulent pas. C’est ainsi qu’un binôme IA-IPR / IEN, muni d’un diaporama confectionné par leurs collègues, débarque dans chaque collège pour porter la bonne parole. Officiellement, il s’agit d’aider les élèves à comprendre une consigne, à repérer l’implicite dans un texte. Dans la réalité, les enseignants assistent à la lecture par un IPR dévoué dudit diaporama, qu’ils ont sous les yeux. On leur demande de détecter ce qui, dans une consigne, pourrait poser un problème de compréhension aux élèves. Comme s’ils ne le faisaient pas déjà tous les jours. Comme si ce n’était pas justement le cœur de leur métier. Comme s’ils nétaient pas experts de leur enseignement.
Ce que les équipes réclament, ce sont des formations ambitieuses ainsi que de pouvoir les choisir, pas de se les voir imposées de manière hors-sol. Bref, de la considération.

Dans les collèges parisiens, les enseignants n’ont pas subi ces formations sans réaction. Ils ont pointé les difficultés accrues des élèves de sixième après plusieurs confinements sans aucun aménagement de programme, des DHG en baisse constante, des effectifs de classe toujours aussi chargés ne permettant pas de traiter de manière efficace les difficultés scolaires.

Pour finir, il faut souligner la situation particulière de Paris qui bat tous les records de ségrégation sociale et scolaire. Car si les élèves de l’académie atteignent en moyenne des scores élevés aux évaluations nationales de sixième, les élèves issus de milieux défavorisés obtiennent, eux, des résultats nettement inférieurs aux moyennes nationales.
Pour remédier à cela, il faudrait bien plus qu’une réunion de 3 heures imposée aux équipes, il faudrait une vraie volonté d’aider les élèves issus des milieux populaires à progresser dans leurs apprentissages. Car c’est bien cela le rôle de l’école, non ?